Des conseils pour écrire

« Bien écrire n’est pas un acte auquel seuls quelques génies auraient accès », a écrit Jean Kokelberg en avant-propos de son livre Les techniques du style. Et c’est tout à fait l’avis de ceux qui ont appris à force de s’exercer. Au nom de la bonne histoire et des grandes idées, beaucoup d’encre aura été versée.

Il existe nombre d’ouvrages pour guider l’aspirant écrivain sur le chemin littéraire, et tous s’entendent sur des questions et des qualités de base. Joey Cornu a rassemblé quelques pistes pour que cette réflexion te soit productive.

1) L’idée maîtresse
2) Plan ou pas plan?
3) Des personnages plus vrais que nature

1) L’idée maîtresse

La recherche de l’idée géniale, quelle hantise! Les publicitaires, les spécialistes du marketing et les inventeurs composent avec l’obsession de trouver le slogan choc, la super-astuce de vente, le gadget à succès. Il importe d’être original, oui, mais il faut aussi trouver l’idée qui puisse te porter pendant des mois et des dizaines, voire des centaines de pages.

Où trouver l’idée forte? Un écrivain est une éponge. Il reste à l’affût de tous les vents de l’inspiration, carnet et crayon en poche. Par exemple :

• Les faits divers parus dans le journal sont une source inépuisable d’idées, des plus quotidiennes aux plus saugrenues.
• Ton entourage est une « faune » (cela dit sans méchanceté) grouillante d’activités et de péripéties, un véritable laboratoire de vies en développement.
• Les nouvelles scientifiques abondent : automatisation massive des entreprises industrielles, détection de planètes lointaines, essais de téléportation par des chercheurs japonais… Il suffit de suivre l’actualité et parfois de tirer ses propres conclusions.
• Tes rêves ou ceux de tes amis sont comme des kaléidoscopes aux combinaisons infinies. Si la réalité dépasse la fiction, le rêve dépasse la réalité!

2) Plan ou pas plan?

Le plan est un outil qui permet d’organiser la pensée :

• Mettre par écrit la prémisse du récit (c’est le raisonnement qui tient ton idée maîtresse – par exemple, dans Roméo et Juliette, la rivalité des Montaigu et des Capulets mène à la mort de leurs enfants; la prémisse veut que la haine conduise à la destruction);
• Organiser les idées principales et prévoir un certain nombre de scènes pour ne rien omettre d’essentiel et ne pas multiplier les péripéties inutiles;
• Penser aux ficelles de l’intrigue;
• Clarifier le rôle du personnage principal et des personnages secondaires et prévoir ce qui arrivera à chacun;

S’il est certain que le plan ne comprend pas tous les détails du récit, il en cerne les grandes lignes. Pose-toi beaucoup de questions :

• Qu’est-ce qui constitue l’idée maîtresse de l’histoire? Quelle en est la prémisse?
• Quel est le personnage principal et quelles sont ses motivations?
• Quel but le personnage principal poursuit-il?
• À quelle époque et dans quels lieux ou milieux le récit se déroule-t-il?
• Quelle sont la physiologie, la psychologie et la position sociale des personnages?
• Quelle série d’actions le personnage principal accomplira-t-il pour atteindre son but?
• Quels obstacles le personnage principal rencontrera-t-il en chemin?
• De quelle façon les personnages secondaires aident-ils ou freinent-ils le personnage principal?
• Quel est le dénouement de l’intrigue? (Il s’agit de la conclusion.)
• De quelle manière le personnage principal a-t-il été transformé par ses aventures?
• La fin répond-elle au problème posé au début du roman? Sait-on si le personnage principal a atteint son but?

N’oublie pas qu’un plan reste un outil malléable. Attends-toi à le modifier en cours de route, à y ajouter des détails, à changer peut-être le dénouement du récit, qui sait? L’immense plaisir de l’écriture, c’est qu’elle réserve toujours des surprises et qu’elle fabrique sans arrêt du neuf.

3) Des personnages plus vrais que nature

Un personnage durable est doué d’une personnalité forte et vraisemblable. Souvent, le personnage nous marque parce que nous pouvons soit nous identifier à lui, soit nous en dissocier. L’identification est un réflexe acquis depuis la petite enfance.

Méfie-toi des stéréotypes et des clichés. Les héros sont souvent trop prévisibles et parfaits, et les méchants sans surprises. Un personnage situé dans le camp des « bons » n’est jamais totalement bon. Tout être humain est habité de nuances qui font la richesse de son caractère.

À l’exemple d’un être humain, un personnage de roman n’est pas simple, à plus forte raison s’il s’agit d’un être psychologiquement troublé. L’étude des caractères, ou caractérologie, est une science inexacte qui cherche encore à établir ses fondements. Pour analyser des caractères, les psychologues procèdent à l’observation directe et à des tests, certains sous forme de questionnaire. Rien ne t’empêche de faire la même chose. Remplis un questionnaire pour tes personnages : caractéristiques physiques, forces et faiblesses, goûts alimentaires, préférences musicales, amis et ennemis, passe-temps et ambitions personnelles, milieu social, éducation, vécu, traumatismes… allô Frank et Einstein!

Le célèbre psychiatre et philosophe Carl Yung avait établi une caractérologie sommaire selon laquelle il existe des êtres dont l’énergie est tournée vers le monde extérieur (les extravertis qui sont sociables et recherchent les échanges avec les autres) et des êtres dont l’énergie est tournée vers le monde intérieur (les introvertis qui sont réservés et confortables dans leur repli). Ton entourage est évidemment une puissante source d’inspiration. Un personnage fictif vraisemblable est, somme toute, quelqu’un que l’on pourrait presque reconnaître dans la vie de tous les jours.

Encore une fois, si tu te poses les bonnes questions avant d’écrire, tu trouveras les réponses utiles pendant l’écriture. Pour t’inspirer, consulte: les guides de psychologie, les livres consacrés à la personnalité des prénoms, les biographies. Et garde l’œil ouvert.